Les auteurs mauriciens, des conteurs nés?

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Prix littéraires

Les auteurs mauriciens, des conteurs nés ?

 

La littérature mauricienne est de nouveau à l’honneur, avec la sélection de «Tropique de la violence», roman de Natacha Appanah, dans la liste du prix Goncourt 2016. Même si elle réside désormais à Caen, Natacha Appanah est profondément mauricienne. C’est d’ailleurs dans son île natale qu’elle enleva son premier prix littéraire, le prix Arthur Martial, qui sacra une de ses nouvelles.

Avant elle, Carl de Souza, Barlen Pyamootoo, Shenaz Patel, Bertrand de Robillard, Ananda Devi, Amal Sewtohul, Marcelle Lagesse, et les poètes Jean Fanchette, Edouard Maunick et Loys Masson se faisaient également éditer en France. De cette fournée littéraire, Barlen Pyamootoo se fit instantanément remarquer dans le milieu littéraire français, avec « Bénarès », son premier roman. Il fut même considéré comme «les 50 meilleurs écrivains français vivants» !

Dans la foulée, Barlen transforma son roman en long métrage. Mais le film n’eut pas le même succès que le livre. Dans les années soixante, Edouard Maunick se signala aux lettres françaises en enlevant le prix Apollinaire (considéré comme le Goncourt de la poésie) pour son recueil «Les manèges de la mer». Et plus récemment, Ananda Devi et Amal Sewtohul furent sacrés au prix des Cinq Continents.

Malcolm de Chazal alla jusqu’à séduire  les Surréalistes francais, et Jean Paulhan le qualifia même de «génie». Mais l’auteur de «Petrusmok» préféra les azalées du jardin Botanique de Curepipe à la froideur parisienne. Ce qui n’empêche pas que  Chazal est  toujours  régulièrement réédité à Paris.

Les auteurs mauriciens seraient donc des conteurs nés. Dont les histoires sortant de l’ordinaire séduisent le lectorat français et francophone. «La diligence s’éloigne à l’aube», roman de Marcelle Lagesse, ne fut-il pas traduit en Russe, alors que Vinod Rughoonundun vit un de ses ouvrages être traduit en Italien. C’est dire que le vécu mauricien est tenu en compte. A cet effet, «Le dernier frère» de Natacha Appanah est désormais traduit en une quinzaine de langues, et lui a valu le prix France-Israël. L’histoire dépeint le quotidien de ces refugiés Juifs, internés à Saint-Martin, Beau-Bassin, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Cette fois-ci, Natacha Appanah vise encore plus haut, avec le prix Goncourt. Elle a une grande chance d’enlever ce prix littéraire, qui constitue le Graal de tout auteur en France. Un Goncourt, c’est au bas mot 300000 exemplaires  de ventes assurés, et une célébrité dépassant les frontières françaises. Gallimard étant une habituée du Goncourt, Natacha Appanah peut donc croiser les doigts. D’autant plus que l’histoire qu’elle raconte, et se déroulant à Mayotte, semble directement calquée sur l’actualité de son pays d’adoption.

Mais être édité à Paris compte aussi son revers. Loys Masson, qui figure sur la prestigieuse liste des poètes de la Résistance en France, a été plus ou moins oublié dans son pays natal. Et si l’agence Immedia fait revivre la mémoire littéraire d’Edouard Maunick, avec un prix dédié à son nom, Jean Fanchette est lui aussi oublié dans le monde indiaocéanique. Qu’à cela ne tienne, car il n’y a pas que le monde francophone à accueillir à bras ouverts les auteurs mauriciens. Abhimanyu Unnuth n’est-il pas considéré comme l’ambassadeur de lettres mauriciennes en Inde ? Et Lindsay Collen a connu le bonheur d’être éditée chez la célèbre maison d’édition anglaise Bloomsbury.