L’AHRIM pour des mesures d’urgence et de plus long terme

 |  Posted by Christelle Lebrasse  |  0
Tourisme

Malgré le plan national de soutien aux entreprises, l’industrie touristique craint de ne pouvoir faire face aux effets de la pandémie. Par la voix de l’AHRIM, elle demande au gouvernement de répondre à l’urgence de la crise dans ce secteur par des mesures d’aide immédiate et plus spécifiques afin de sauvegarder l’emploi. L’AHRIM souhaite également une stratégie de relance ambitieuse, s’appuyant sur une campagne marketing dynamique axée sur notre image de destination « safe ». Enfin, à plus long terme, il est impératif d’améliorer la compétitivité de la destination, fort affaiblie avant la crise, en la rendant plus attrayante et davantage sécurisée, estiment les opérateurs touristiques.  
Les activités touristiques seront à l’arrêt pour plusieurs mois encore. Or, les hôteliers doivent débourser des sommes énormes chaque mois pour couvrir leurs frais fixes. L’AHRIM demande au gouvernement de prolonger le Wage Support Scheme. Compte tenu des incertitudes sur le retour des touristes, et donc des revenus, elle ne peut anticiper ni le taux de cette contribution de l’Etat, ni la durée appropriée de ce « scheme ». Elle s’en remet au gouvernement pour une approche flexible, juste et équilibrée sur la question.
Cette crise est une occasion de revoir le mode de facturation d’électricité pour l’hôtellerie, une question qui a fait l’objet de demandes récurrentes, estime l’AHRIM. Contrairement à plusieurs autres industries, l’hôtellerie paie l’électricité au prix fort, suivant un mode de facturation peu adapté à une activité saisonnière. Les hôteliers souhaitent aussi être dispensés du loyer des baux aussi longtemps que l’activité touristique sera contrainte.
Au-delà de ces mesures d’urgence et quelques autres propositions fiscales, l’AHRIM réitère son plaidoyer pour des efforts continus et des actions structurelles de long terme visant à rendre la destination plus propre, plus « verte » et plus attrayante. Elle recommande la mise sur pied d’un Comité public/privé composé d’acteurs du tourisme, de l'environnement, des infrastructures publiques, des collectivités locales, qui aurait mandat de superviser une série de programmes dans ce sens.
L’AHRIM suggère que ces programmes aient pour objectif de :
-    Préserver l’image de Maurice comme une destination sans risque sanitaire. Il est primordial de s’assurer que les protocoles de surveillance soient renforcés à tous les niveaux et que les opérateurs soient dûment équipés.
-    Positionner le pays comme une destination verte et durable de premier plan. Des actions fortes telles que le tri des déchets, une politique zéro plastique et une protection des plages doivent être mises en oeuvre.
-    Créer un cadre pour encourager les métiers « verts ». Les PME engagées dans le recyclage doivent être considérées comme des acteurs essentiels et être soutenues financièrement.  
-    Renforcer l’image de Maurice comme une destination culturelle unique. Transformer nos régions typiques, professionnaliser nos musées, valoriser notre patrimoine sont essentiels pour donner au « nouveau » touriste l’authenticité qu’il recherche.  
-    Rendre l’environnement général plus salubre. L’AHRIM appelle de tous ses voeux la mise sur pied d’un Comité national pour régler une fois pour toutes le problème des chiens errants.  
Les hôteliers et opérateurs touristiques sont prêts à être pleinement partie prenante de ces programmes et à y collaborer activement, autant par la formation que par la réhabilitation des plages ou l’embellissement des espaces publics et du patrimoine national.
Pour remettre l’industrie sur les rails après COVID, une stratégie de marketing dynamique, ambitieuse, bien ficelée est indispensable. Nous avons un formidable atout : Maurice est une des destinations les plus sûres en matière sanitaire. En s’appuyant sur ce message fort, la destination doit impérativement maintenir une visibilité accrue sur nos marchés cibles. Les opérateurs demandent que soitélaboré, avec tous les acteurs, un plan de communication axé sur la confiance, un plan sur lequel s’aligneront tous les acteurs du tourisme, des réceptifs aux agents d’accueil de l’aéroport, en passant par tous les prestataires et ‘touch points’ du touriste.
Pour garantir cette promesse de destination saine, l’AHRIM invite le gouvernement à maintenir les efforts de surveillance – protocoles sanitaires au départ, tests systématiques, traçabilité, surveillance stricte. Elle invite cependant à revoir les protocoles de quarantaine ; ils ne doivent pas décourager les voyageurs potentiels. L'industrie dispose de capacités suffisantes pour concevoir des expériences de séjour agréables pour le touriste forcé à la quarantaine, et est prête à travailler sur des propositions.
Notre stratégie de relance doit également reposer sur des études pertinentes sur la demande et le sentiment des voyageurs dans nos dix principaux marchés. L’AHRIM invite les autorités à initier ces enquêtes afin que les opérateurs adaptent leurs offres. Elle souhaite également des décisions fortes sur la connectivité aérienne. Il est nécessaire, pour faire aboutir notre stratégie de relance, de développer des accords avec les compagnies aériennes et les TO dans un contexte où nombre d’entre eux sont fortement touchés.
L’AHRIM rappelle que si nous devons jouer la carte du « tourisme sûr », c’est le moment d’initier les mesures longtemps attendues pour renforcer la protection du visiteur. Cela implique des politiques plus fortes sur l’affichage des prix dans les commerces, l’octroi des licences d’opération, la sécurité des plages et des transports publics, le modèle économique de taxis, entre autres.
29.05.2020