Grande-Bretagne : élections législatives cruciales pour le Brexit et sous haute sécurité.

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UK Elections

Plus de 47 millions de Britanniques sont appelés aux urnes jeudi pour des législatives anticipées cruciales en vue des négociations du Brexit, sur fond de menace terroriste.

Les bureaux de vote ont ouvert de 7h à 22h ce jeudi en Grande-Bretagne, à l'occasion des élections législatives anticipées souhaitées par la Première ministre conservatrice Theresa May. Trois ans avant le terme de sa législature, elle espère obtenir une majorité renforcée pour négocier le Brexit avec les 27. Ce scrutin se déroule alors que le pays est ébranlé par trois attentats jihadistes qui ont fait 35 morts en moins de trois mois, à Londres et Manchester.

Des mesures de sécurité "hautement flexibles" sont prévues à Londres pour permettre de déployer au plus vite des forces policières, ont indiqué les autorités, cinq jours après une attaque qui a fait huit morts dans la capitale. ll faudra attendre la fermeture des bureaux pour que soit autorisée la publication de sondages de sortie des urnes et de projections. Le résultat final est attendu pour vendredi à l'aube. L'impact des attentats sur le scrutin est difficile à évaluer. Si les Conservateurs sont, selon les analystes, jugés "plus solides" sur les questions de sécurité, ils font l'objet de critiques pour n'avoir pas pu empêcher ces attaques et avoir supprimé 20.000 postes de policiers depuis 2010. De manière plus globale, les Tories sont donnés favoris par les sondeurs, mais ils ont vu fondre de moitié au moins, selon les enquêtes d'opinion, l'écart de plus de 20 points qui les séparait des Travaillistes de Jeremy Corbyn à l'annonce du scrutin en avril.

L'enjeu du scrutin dépasse largement les frontières du pays, alors que l'Union européenne veut débuter au plus vite les négociations sur le Brexit. Theresa May, qui a remplacé David Cameron après le référendum sur l'UE en 2016, souhaite renforcer la courte majorité de 17 sièges dont elle dispose au Parlement pour se mettre à l'abri de toute rébellion dans son camp au moment de négocier son projet de Brexit "dur"."Donnez-moi un mandat clair pour négocier le meilleur accord possible pour le Royaume-Uni", a-t-elle demandé aux électeurs tout au long de sa campagne.

 

Son rival travailliste, Jeremy Corbyn, un vétéran de l'aile gauche du Labour qui n'a jamais été ministre, ne remet pas en cause "la réalité du Brexit". Mais il veut adopter un ton plus conciliant avec Bruxelles et garder un accès au marché unique européen. Si le Brexit est la raison d'être du scrutin et une préoccupation centrale des Britanniques, il a été paradoxalement quasi absent des débats. En dehors de se chamailler pour savoir qui était le mieux à même pour mener les négociations, Theresa May et Jeremy Corbyn n'ont jamais développé leur vision d'un avenir post-Brexit.

La campagne, nerveuse, ultra-courte et bouleversée par les attentats, s'est jouée d'abord sur des thèmes de proximité comme la défense du système de santé public NHS, qui favorisent traditionnellement les travaillistes de Jeremy Corbyn. Faisant preuve de pragmatisme, le pacifiste de 68 ans n'a pas ménagé non plus ses attaques dans le dossier sécuritaire, pointant les coupes menées par Mme May dans les effectifs de police alors qu'elle était ministre de l'Intérieur. Theresa May, en revanche, a peiné à enthousiasmer ses partisans en se contentant de décliner ses éléments de langage en petit comité. Cette fille de pasteur âgée de 60 ans, qui a refusé tout débat télévisé en face-à-face, a vu sa cote s'effriter en annonçant vouloir remettre en cause les modalités de la protection sociale des personnes âgées, avant de faire précipitamment marche arrière. Alors qu'elle a fait campagne sur l'impératif d'avoir un "leadership fort et stable", elle a été accusée d'être en réalité "faible et tremblante".