A Wembley, « La Marseillaise » chantée par les supporteurs anglais.

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La défaite (2-0) concédée par les Bleus face à l’Angleterre, mardi 17 novembre à Wembley, a relevé de l’anecdote au regard de la portée symbolique de cette rencontre plus que jamais amicale. Quatre jours après les attaques terroristes qui ont fait 129 morts à Paris et aux abords du Stade de France, lors du match France-Allemagne (2-0), le public londonien a rendu un vibrant hommage à leurs visiteurs endeuillés. « Liberté, Egalité, Fraternité », pouvait-on lire sur la façade de l’imposante enceinte, coiffée d’une arche aux couleurs de la République voisine.

Dans les échoppes qui bordaient la station de métro Wembley-Park, le drapeau bleu, blanc, rouge fut de loin l’objet le plus prisé par les spectateurs anglais. Sur les fanions blancs portés par les supporteurs des Three Lions, la tour Eiffel jouxtait souvent la croix de Saint-Georges.

Près de 1 400 supporteurs français avaient fait le déplacement à Londres. Nombre d’entre eux ont été alpagués par les journalistes locaux, en quête de témoignages. Avant l’échauffement des équipes, la fanfare a joué Carmen de Georges Bizet. Puis des applaudissements nourris ont accompagné l’entrée des joueurs de Didier Deschamps sur la pelouse. « United we stand » (« nous restons unis »), « Hommage aux victimes », « Thanks to the world » (« merci au monde »), « Pray for Paris » (« prions pour Paris ») pouvait-on lire sur des étendards tricolores installés par les supporteurs des Bleus, perchés dans les hauteurs de Wembley.

A l’initiative de leurs homologues de la Couronne, le protocole d’avant-match avait été inversé afin que La Marseille succède au God Save the Queen. Au centre du terrain, les titulaires et les remplaçants des deux équipes se sont regroupés tandis que le prince William, les sélectionneurs Didier Deschamps et Roy Hodgson, le premier ministre britannique, David Cameron, et le ministre des sports français, Patrick Kanner, déposaient des gerbes de fleurs au bord de la pelouse.

Alors que l’orchestre interprétait La Marseillaise, un tifo géant aux couleurs de la France a été déployé dans les gradins de Wembley. Disposant des paroles, les 70 000 spectateurs ont chanté l’hymne à l’unisson. Un geste solennel, empreint de compassion. Comme un symbole d’unité, plus de dix ans après les attaques terroristes qui avaient frappé Londres, le 7 juillet 2005, faisant 56 morts de 700 blessés. Puis les deux équipes se sont disposées en cercle autour du rond central pour observer une minute de silence. C’est à peine si on entendit un toussotement dans l’enceinte.

La mine grave, Didier Deschamps ne s’est jamais levé de son banc durant la rencontre, assistant sans broncher aux deux buts somptueux inscrits par Dele Alli et la star anglaise Wayne Rooney, qui ont évolué, à l’instar de leurs partenaires, avec un brassard noir. A l’heure de jeu, le public de Wembley a réservé une ovation au milieu des Bleus Lassana Diarra, dont la cousine a péri durant les attentats. Les spectateurs anglais ont ensuite chaudement applaudi Antoine Griezmann, dont la sœur, elle, est sortie indemne de la prise d’otages au Bataclan.

Au coup de sifflet final, les Bleus se sont rassemblés au centre du terrain pour communier avec leurs supporteurs. Dans Wembley presque désert, la fanfare a joué une nouvelle fois La Marseillaise. Invaincus face aux Three Lions depuis 1997, les joueurs de l’équipe de France ont regagné les vestiaires par grappes éparses. La tête ailleurs qu’au football, ils avaient déjà sûrement oublié le résultat de cette rencontre si particulière et riche en hommages.