La Zambie vers l'état d'urgence, l'opposition craint pour la démocratie.

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Zambie

L'annonce de l'instauration de l'état d'urgence en Zambie, qui doit être approuvé au Parlement, a ouvert une crise politique. L'opposition dénonce une dérive autoritaire. L'association des églises chrétiennes parle d'un glissement vers la dictature. Le chef de l’État a donné à la police des pouvoirs accrus à la suite d'une série d'incendies criminels. Le Parlement, où le parti présidentiel du Front patriotique (PF) dispose de la majorité, doit cette semaine formellement approuver cette mesure d'exception.

La décision d’Edgar Lungu "constitue un abus de pouvoir destiné à faire taire les critiques et tuer la démocratie", estime Geoffrey Mwamba, le vice-président du Parti uni pour le développement national, l'UPDN, principal parti d’opposition. "Il est évident que son action (...) vise à renforcer la dictature", selon lui. Geoffrey Mwamba a également nié toute implication de son parti dans les récents incendies, dont celui qui a ravagé le principal marché de Lusaka la semaine dernière, jugeant "choquant que le chef de l'État accuse l'opposition d'être derrière ces incendies criminels, affirmant qu'ils sont destinés à le contraindre (...) à former un gouvernement d'union nationale".

La Zambie, petit pays d'Afrique australe, a connu une relative stabilité jusqu'aux élections d'août 2016, marquées par plusieurs incidents violents entre partisans politiques rivaux. Edgar Lungu a remporté de justesse ce scrutin, devançant le chef de l'UPND, Hakainde Hichilema, de seulement 100 000 voix.

Des responsables religieux ont aussi dénoncé l'attitude du président Lungu. "Le pays glisse vers la dictature. Simplement à cause d'un incendie sur un marché on déclare l'état d'urgence ? Non, je vous en prie", a réagi l'évêque Simon Chihana, président de l'association internationale des églises chrétiennes. "Pourquoi s'être précipité à invoquer l'état d'urgence avant même que les enquêtes (sur les incendies) soient conclues ?", s'est-il encore interrogé, estimant que le président Lungu "pensait uniquement à son emprise continue sur le pouvoir" et non pas au "bien-être de la Zambie".