La Syrie entame sa première trêve depuis cinq ans de guerre

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Le plan russo-américain de trêve en Syrie est entrée en vigueur samedi, mais il a déjà été entachée par un attentat à la voiture piégée qui a fait au moins deux morts à proximité de Hama, dans l'est de la Syrie.

Les combats étaient globalement à l'arrêt dans l'ouest de la Syrie samedi 27 février au matin, après l'entrée en vigueur du plan russo-américain de cessation des hostilités dans la nuit de vendredi. Ce calme relatif est sans précédent depuis cinq années d’un conflit meurtrier. La trêve, fragile, a déjà été entachée par un attentat à la voiture piégée qui a fait au moins deux morts à l'entrée d'une ville dans la province d'Hama, à l’est de la Syrie, quelques heures seulement après l’arrêt des hostilités, d’après télévision syrienne.

De leurs côtés, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et les Nations Unies n'ont fait état que de tirs isolés dans l'ouest du pays depuis le début de la trêve, vendredi à 22h00 GMT. Selon l'émissaire spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, des incidents constatés à Damas, la capitale, et Deraa, dans le sud-ouest du pays, quelques minutes après l'heure dite ont rapidement fait place au calme.

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Al-Nosra et EI exclus de la trêve

La situation est inédite. Pour la première fois, les grandes puissances ont réussi à négocier une pause dans la guerre civile qui frappe la Syrie. Les Nations unies entendent saisir l'occasion pour reprendre des négociations entre le régime de Bachar al-Assad et l'opposition. Le gouvernement syrien et son allié russe, ainsi que plusieurs groupes de l'opposition syrienne, avaient dit qu'ils se conformeraient au plan.

Le texte élaboré par Washington et Moscou exclut de son champ d'application l'organisation de l’État islamique et le Front al-Nosra, émanation syrienne d'Al-Qaïda. La Russie a d'ailleurs prévenu qu'elle ne cesserait pas ses opérations contre ces deux groupes.

Les Nations unies ont exhorté vendredi toutes les parties prenantes à respecter les termes du cessez-le-feu. "Prions pour que cela fonctionne car, très franchement, c'est la meilleure opportunité qui se soit jamais présentée au peuple syrien depuis cinq années pour voir apparaître quelque chose de meilleur et, espérons-le, qui aura trait à la paix. Les faits le diront", a déclaré vendredi Staffan de Mistura.

Accès humanitaire facilité

L'émissaire a annoncé son intention d'organiser trois semaines de discussions de paix à partir du 7 mars. Elles auront lieu pour peu que le cessez-le-feu tienne et que l'aide humanitaire puisse être davantage distribuée, a-t-il précisé. Certaines mesures d'aide internationale ont été apportées cette année dans des villes assiégées à la suite d'accords ciblés mais les Nations Unies demandent un accès plus large à tous les Syriens qui en ont besoin.

Vendredi, le Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, avait dénoncé cette trêve, appelant tous les rebelles syriens à intensifier leurs attaques contre les forces du président Bachar al-Assad et leurs alliés chiites libanais et iraniens. Mais la principale organisation d'opposition soutenue par Riyad, le Haut conseil pour les négociations (HCN), a dit qu'elle acceptait une trêve de deux semaines, tout en craignant que les forces gouvernementales ne poursuivent leurs attaques contre les rebelles sous couvert de viser le Front al-Nosra.

Étape préliminaire à un cessez-le-feu officiel

Les YPG (unités de protection du peuple) quant à eux s'y sont également rallié, en se réservant toutefois le droit de riposter si elles étaient attaquées. Partenaires important pour la coalition internationale conduite par les États-Unis contre l’EI, ses combattants ont poursuivi leurs affrontements avec l’organisation jihadiste vendredi dans la province de Rakka, d’après l'OSDH.

Le plan russo-américain, qui n'a pas été signé par les parties prenantes, est moins contraignant qu'un accord formel. Pour les Nations unies, il constitue une étape préliminaire à un cessez-le-feu officiel à établir. D’ores et déjà, le gouvernement syrien a fait savoir que la trêve serait rompue si des États étrangers fournissaient les rebelles en armes ou si ces derniers profitaient du cessez-le-feu pour se réarmer.