Coup d’envoi du forum d’affaires Afrique/France à Paris

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Coup d'envoi ce jeudi matin des « Rencontres Africa 2016 » à Paris. C’est le plus important forum d'affaires jamais organisé entre la France et l'Afrique avec pas moins de 2 300 entreprises inscrites, des dizaines de conférences plénières et d'ateliers. Le forum s’étale sur deux jours au Centre économique social et environnemental, dans le quartier du Trocadéro. Un rendez-vous utile pour les patrons français et africains.

En tous les cas, pas moins de 4 300 rendez-vous d’affaires ont été pris sur les quelque 120 petites tables rondes où l’on échange des cartes de visite, des idées, des projets. Ces rencontres font vraiment la part belle au « business to business » comme on dit, entre patrons de grosses entreprises. Mais les PME sont aussi bien représentées. L’agroalimentaire, l’énergie et les travaux publics se taillent la part du lion. Mais les formes de financement innovantes, l’économie numérique, les services et les énergies propres, font une timide percée à ce forum.

Ces rencontres s’inscrivent dans la lignée du rendez-vous de Bercy en décembre 2013, en marge du sommet de l’Elysée qui avait été organisé pour définir un nouveau modèle de partenariat économique entre la France et l’Afrique. Un partenariat d’égal à égal, ont insisté les orateurs qui se sont succédé à la tribune ce jeudi matin lors de la séance plénière. Il s’agit aussi pour le monde des affaires pro-africain de réunir une série de propositions concrètes pour le sommet des chefs d’Etat français et africains qui se réuniront en janvier 2017 à Bamako.

Il y a énormément d'attraits pour le continent africain, avec d’ailleurs une concurrence rude pour la France en Afrique. Le président américain Barack Obama s’est exprimé sur la question mercredi devant le forum d’affaires USA-Afrique, organisé à New York. La Turquie organise pour la première fois sur son sol un sommet similaire dans quelques jours. Les Japonais ont réuni l’Afrique à Nairobi avec le Ticad [6e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique]. Il y a bien sûr la Chine.

En effet, il n’échappe à personne que les pays d’Afrique réuniront deux milliards d’habitants en 2050. Le continent offre des opportunités. Il affiche une croissance dynamique avec 1,6% à l’échelle de tout le continent, deux fois moins tout de même que prévu, a ajusté le Fonds monétaire international (FMI).

Mais les Africains sont de plus en plus connectés : quatre Africains sur cinq ont un téléphone portable. Donc c’est une mine d’or pour les services et les plateformes numériques. Alors la concurrence, elle est justifiée, elle est légitime, a indiqué le secrétaire d'État français chargé du Commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger, Matthias Fekl, qui a fait donc la promotion à la tribune des atouts de la France, parmi lesquels donc la promesse d’un partenariat d’égal à égal.

Il y a tout de même des obstacles aux investissements français en Afrique. Pour les Français, il y a des problèmes de garanties au niveau de la protection de leurs investissements et des titres de propriété. Les autres freins majeurs sont la mauvaise gouvernance, la nécessité de consolider l’Etat de droit. Puis il y a aussi bien sûr, les conflits et les aléas climatiques. La présidente de la Commission des affaires étrangères française, Elisabeth Guigou, a rappelé sans détour ses freins ce matin. « Soyons afro-optimistes, mais aussi afro-réalistes », a déclaré pour sa part Patrice Fonlladosa, le patron Afrique du Mouvement des entreprises de France (Medef).

Du côté de l'Afrique, on retrouve toujours des besoins au niveau des financements, de la formation professionnelle, dans l’agrobusiness aussi. Amadou Ba, le ministre de l’Economie sénégalais, a insisté sur ce point ce matin.

Puis cette mise en garde à la tribune sur les visas de Lionel Zinsou, l’ancien Premier ministre béninois et co-président d’Africa-France. Il note 50% de progrès au niveau de l’octroi de visas entre 2013 et 2015, mais les hommes d’affaires africains voudraient vraiment pouvoir venir plus facilement en France, sans nier les défis sécuritaires et migratoires qui se posent pour la France. Lionel Zinsou a mis en garde donc contre « la tentation populiste du repli sur soi ».